Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives

Adrien Béal / Fanny Descazeaux / Arthur Igual / Anne Muller

avec Arthur Igual

« De quoi héritons-nous ? Que faire de notre héritage ? Sommes-nous prêts à être les auteurs de ce que nous engendrons, alors que nous ne cesserons jamais d’être les fils de nos pères ?
Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives est la mise en jeu d’une quête dont on n’est jamais loin de penser qu’elle est vaine. Et pourtant elle est nécessaire. Héritiers que nous sommes de nos histoires intimes et de notre histoire commune, nous tentons aujourd’hui, réunis sur un plateau de théâtre, d’imaginer une suite possible. Nous convoquons des figures de pères et de fils représentées ou racontées par un acteur. Pendant le temps de la représentation, chaque minute à venir s’offre à l’imagination, et chaque pas devient un possible acte fondateur. »

Création en mars 2011 à l’Atelier du plateau.
En avril 2011 au Théâtre de Vanves.
Reprise du 12 au 28 janvier 2012 à l’Atelier du Plateau.
Le samedi 4 février à 19h30 au Théâtre de Vanves dans le cadre du festival ARTDANTHÉ.
Les 23 et 24 août 2012 au festival Uzeste musical (Gironde).
Les 30, 31 et 1er août 2012 au festival Premiers Actes (Alsace).
Le 13 octobre 2012 au Collectif 12 dans le cadre de Jeunes zé jolies.

ARCADIProduction Compagnie Théâtre Déplié. Avec le soutien du Théâtre de Vanves. En partenariat avec Lilas en scène. Co-réalisation Atelier du Plateau. Avec l’aide à la reprise d’Arcadi. Avec le soutien de RAVIV dans le cadre du projet de mutualisation de lieux répétitions.

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Intentions

« Qu’est-ce que je pourrais construire de mieux sur ton usine ? »
Le fils s’adressant à son père, Affabulazione, épisode 1

La genèse du projet

Il est trop tôt pour prendre des décisions définitives s’inscrit au coeur d’une recherche sur la question de l’héritage, qui traverse trois de mes spectacles. C’est entre la mise en scène d’un drame du répertoire (Le Canard sauvage d’Henrik Ibsen, 2008/2009) et celle d’un texte contemporain (Visite au père de Roland Schimmelpfennig, 2012/2013) que j’ai entrepris ce travail de création au plateau. Un fil s’est tissé, reliant ces trois projets, dans lesquels la question de l’héritage est à la fois mise en jeu dans le sujet même des spectacles, et éprouvée dans leur processus de création. Il en est question sur des plans intime, historique, culturel, politique, et ces différents terreaux de l’héritage trouvent un écho dans les rapports que j’entretiens avec les oeuvres.
Avec Il est trop tôt…, c’est l’acte d’écrire que je mets en question. Le fait d’être auteur d’un spectacle, de poser une empreinte, et la responsabilité de ce geste, au regard des oeuvres dont nous sommes héritiers.
Le travail a commencé au début de l’année 2010 avec quelques éléments de départ : une petite équipe, dont un seul acteur, Affabulazione de Pasolini comme pièce/héritage écrite avant notre naissance, et du temps de recherche au plateau. Voici quelques traces des intentions d’alors :

A propos de l’acteur
Je poursuis la collaboration avec un acteur, Arthur Igual. Ensemble, et avec d’autres acteurs, nous avons travaillé sur Ibsen (Le Canard sauvage). Arthur interprétait Gregers Werle, qui revient dans sa ville natale après quinze ans d’absence pour réparer les fautes commises par son père. Dans ma prochaine mise en scène de Visite au père, il jouera un jeune homme venu d’Amérique pour rencontrer son père, un intellectuel vieillissant, dans un drame contemporain inspiré du Théorème de Pasolini. C’est donc en sa compagnie que je traverse ces trois projets dans lesquels il tient toujours le rôle pivot.

A propos d’Affabulazione
J’ai envie de travailler l’oeuvre de Pasolini, et particulièrement la pièce Affabulazione (1966). Etudier ses contradictions, lire sa radicalité, sa lucidité. Dans Affabulazione, Pasolini s’empare des mythes, du politique, de la psychanalyse, de l’Histoire pour traiter de la relation des pères et des fils. C’est la tragédie d’un père qui va aimer son fils, le désirer jusqu’à le tuer. Cela n’a rien à voir avec du fait divers. Pasolini renverse le mythe d’Oedipe. Par là, il l’inscrit dans une époque qui ressemblerait à la nôtre : une époque dépassionnée, où les fils semblent avoir tout digéré, ne cherchant ni à construire, ni à déconstruire. Où le besoin de tuer le père ne serait plus éprouvé.

A propos du processus de travail
Le travail se déroulera sur une année durant laquelle nous nous retrouverons régulièrement au plateau, pour des sessions de durées variables, au cours desquelles nous travaillerons en lectures, en improvisations, en jeux, à partir de textes dramatiques, poétiques, d’essais, d’intuitions. Entre ces sessions, nous lirons, écrirons, parlerons. Ensemble ou séparément, nous lirons Pasolini, bien sûr, mais aussi Sophocle, Freud, Marx, Gramsci… parce qu’ils sont à la source des écrits de Pasolini. Parfois, nous laisserons aussi tomber ces livres, pour revenir à nous-mêmes. L’expérience a à voir avec l’intime. Comme toujours, mais plus encore cette fois-ci, ce cheminement sur la durée est autant le nôtre que celui du spectacle qui s’élabore. C’est une recherche. Je ne peux rien dire de la forme finale, car elle est à inventer. Ce que je sais, c’est que vers le plateau convergeront les différents points d’entrée dans le travail : un texte, son auteur, un acteur, mon regard, tous altérés les uns par les autres, et par le temps d’une errance active commune.
Extraits de la note d’intention, mars 2010

Mars 2011 : première série de représentations

Le travail présenté au public lors des premières représentations n’était pas une forme écrite, mais plutôt une remise en jeu permanente de notre quête d’écriture. Ainsi, l’acteur, jouait chaque soir avec plusieurs motifs qui émanaient du travail de recherche mené au plateau pendant les mois précédents. Ces motifs mettaient l’acteur (et le spectateur) à l’épreuve du temps, à l’épreuve de la transmission, de la filiation. A titre d’exemples, voici certains des motifs, aux formes très variées, travaillés lors de la première série de représentations : le passage du réel à la fiction ; l’action de désarmer une montre pour en arrêter le mouvement ; un personnage de femme qui peut répondre aux questions insolubles ; une analyse de la Joconde, le souvenir d’une conférence de Lacan à Louvain ; le refus d’un fils d’hériter de l’entreprise créée par son père ; la résiliation d’une ligne téléphonique, la réécriture des pièces perdues de Sophocle.

Janvier 2012 : deuxième série de représentations

Pour la reprise du spectacle, nous poursuivons la recherche, et remettons ainsi en jeu la question du geste d’auteur. Avec Affabulazione et la plupart de ses écrits de la fin des années soixante, Pasolini décrit un monde à venir, profondément différent de celui dans lequel il est né. Aussi, il se place en père dépossédé, et le nouveau monde qu’il décrit est incontestablement le notre. Il nous est donc impossible de parler du même endroit que lui. Sa pensée nous éclaire, mais notre point de vue est autre.
Aujourd’hui, après deux ans de travail, une série de représentations, et avant d’entamer de nouvelles répétitions, c’est ainsi que je peux formuler l’objet du travail à venir: tenter d’imaginer une suite possible. Mettre en jeu un acte fondateur, si petit et fictionnel soit-il, et si nous en sommes incapables, mettre alors en jeu cette incapacité à assurer la continuité, à provoquer un bouleversement.

Adrien Béal, décembre 2011

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L’équipe

Adrien Béal a notamment étudié le théâtre à Paris III et à la Colline – Théâtre National (formation continue à la mise en scène).
Il a mis en scène ou en espace des textes de Michel Vinaver, Henrik Ibsen, Roland Schimmelpfennig, Guillermo Pisani, et Oriza Hirata. Il est artiste associé au Théâtre de Vanves depuis 2006 et montera en 2012 Visite au père de Roland Schimmelpfennig. Il a par ailleurs été assistant à la mise en scène de Guillaume Lévêque, stagiaire auprès de Stéphane Braunschweig, et assistera prochainement Julien Fisera et Damien Caille-Perret.

Fanny Descazeaux travaille avec le Théâtre Déplié depuis 2009. Après être passée par la Colline – Théâtre National et le festival Jazz à Porquerolles, elle intègre en septembre 2011 le Petit Bureau comme chargée de production, où elle s’occupe notamment de la compagnie Jakart. Elle collabore également avec Lucie Berelowitsch, et assistera Thomas Quillardet sur la création des Autonautes de la Cosmoroute à la Colline en mars prochain.

Arthur Igual est issu du CNSAD. Au cinéma, il a tourné avec Valéria Bruni-Tedeschi, Louis Garrel (Mes Copains et Petit tailleur) et Caroline Deruas. Il est l’un des membres fondateurs du collectif D’ores et Déjà avec Sylvain Creuzevault (Baal, Notre terreur), et a travaillé au théâtre avec Laurent Laffargue, Jean-Paul Scarpitta, Frédéric Bélier-Garcia, Denis Podalydès, Jean-Paul Wenzel, David Géry. Au printemps 2012, on le retrouvera dans la mise en scène de Roger Vontobel à la Colline-Théâtre National.

Anne Muller crée les lumières des mises en scène d’Adrien Béal depuis 2005. Elle est, entre autres, l’éclairagiste de Florent Marchet, Pascal Parisot, Mariana Ramos, Océane Rose Marie et en tournée, régisseuse lumière d’Emily Loizeau, Nosfell, Alex Beaupain. Elle travaille également pour le Théâtre du Rond-Point, pour Un Festival à Villeréal, et a conçu dernièrement la mise en lumière et la scénographie de deux expositions.

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